Il était une fois deux femmes
Jean-Vital de Monléon Extrait du livre : Naître là-bas, grandir ici
Reçu par le site Nature et Poésie
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Il était une fois deux femmes
Jean-Vital de Monléon Extrait du livre : Naître là-bas, grandir ici
Reçu par le site Nature et Poésie
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7 TRUCS POUR CESSER DE S’INQUIÉTER |
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S’inquiéter nuit à la santé et fait diminuer beaucoup la performance au travail, et le temps perdu à s’inquiéter n’est pas rentable pour la compagnie où vous travaillez. Alors, je vous propose quelques moyens pour vous aider à moins vous inquiéter. N’importe quel de ces moyens peut apporter de très bons résultats. Le but est que vous puissiez passer agréablement votre journée de travail au lieu de vous inquiéter.
Premier moyen :
Deuxième moyen :
Troisième moyen : Vous pouvez volontairement vous critiquer et vous dire avec colère : « Est-ce que ça te sert à quelque chose de penser à ça ? Cesse d’y penser et fais autre chose ou pense à autre chose. » Se parler ainsi fait l’effet d’une douche froide. Ça ramène très rapidement dans la réalité. Personnellement c’est le moyen que j’utilise et ça fonctionne merveilleusement.
Quatrième moyen :
Cinquième moyen :
Sixième moyen :
Septième moyen :
SOURCE : Diane Charbonneau conférencière, formatrice, psychothérapeute et auteure, aide les gens à devenir plus heureux et plus performants au travail et dans la vie. Elle est spécialisée en gestion du stress et en l’épuisement professionnel.
info@dianecharbonneau.com / www.dianecharbonneau.com |
La course en taxi | |
Il y a vingt ans, je conduisais un taxi pour gagner ma vie. Lorsque je suis arrivé à 2 h 30, l'immeuble était sombre, à l’exception d’une petite lumière provenant d’une fenêtre du rez-de chaussée. Dans ces circonstances, plusieurs chauffeurs auraient seulement klaxonné une ou deux fois, attendu une minute et seraient repartis. Mais, j'avais trop vu de gens démunis et qui n’avaient d’autre moyen de se voyager que les taxis. Je me suis donc dirigé vers la porte et j’ai cogné doucement.
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10 étapes vers l’abondance Par Carolyn Blakeslee Tiré de la revue Natural Awakenings Faites une liste de ce que vous désirez.
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Carolyn Blakeslee publie l’édition du Centre de la Floride de la revue Natural Awakenings / www.NaturalAwakeningsncfl.com |
La société des intimidés disparus par Stéphane Laporte Texte paru dans le Journal La Presse le 5 décembre 2011 suite au suicide de la jeune Marjorie Raymond, victime d'intimidation |
Avant de m'apprendre l'alphabet ou la table de trois, l'école m'a appris que j'étais repoussant. Le taupin de la 1re année ne cessait de me pousser pour me faire tomber, ce qui faisait rire une bonne partie de la classe. Ce fut pour moi un choc. À la maison, j'étais tant aimé que je ne pouvais comprendre qu'à l'école, je sois aussi malmené. Pourquoi moi? Pourquoi c'était moi qui subissais les humiliations de mes camarades et pas un autre? Ça devait être parce que j'étais moins bon que les autres. C'est cette constatation qui fait le plus mal. Beaucoup plus que les coups. Mais elle ne m'a pas hanté longtemps. J'ai vite compris que si la petite brute s'en prenait à moi, c'est juste parce que j'avais les jambes croches et que c'était facile de me faire tomber. Les petites brutes aiment la facilité. C'est pour ça qu'elles s'attaquent à ceux qui ont l'air les plus vulnérables. Ce n'est que ça qui détermine le choix des victimes. On s'attaque aux fragiles. Aux sensibles. Pas aux moins bons, juste aux moins solides. C'est la lâcheté des bourreaux. Heureusement pour moi, si mes jambes étaient faibles, mon caractère était fort. J'étais un faux fragile. Un résistant. Et quand l'intimidant a constaté qu'il avait beau m'accrocher les pieds, jamais il ne ferait tomber ma tête, il a abandonné. Au fil des ans, il y en a d'autres qui se sont essayés. Étant un handicapé allant à l'école des enfants normaux, j'étais toujours le différent de la gang. Et la différence attire ceux qui ont un trop-plein de haine à expulser. Ces épisodes d'intimidation n'ont jamais duré longtemps. Mon imperturbabilité décourageait les plus acharnés. Je n'ai pas de mérite. C'est la nature qui m'a donné une tête de cochon! Malheureusement, il y a plein d'enfants qui n'ont que des petits cœurs d'anges. Plein d'enfants que les agissements des persécuteurs minent, marquent et détruisent. À jamais. Ce qui est paniquant quand on est victime de la méchanceté, c'est l'isolement. Il n'y a personne pour nous défendre. Chacun sauve sa peau. Quand je me faisais jeter à terre, il y avait les cons qui riaient, mais il y avait surtout les autres qui regardaient ailleurs. Ces autres qui avaient assez d'humanité pour réaliser que ce n'était pas correct, ce que faisait le terroriste en culottes courtes, mais pas assez de courage pour s'en mêler. Ils ne voulaient surtout pas être à ma place. Et en venant à ma rescousse, ils risquaient de l'être. Pourtant, s'ils étaient tous venus, la bonté aurait gagné. Mais la bonté est difficile à faire bouger. Alors, les pas fins en profitent. Les plus faibles dans les histoires d'intimidation ne sont pas ceux que l'on pense. Ce ne sont pas ceux qui sont attaqués, ce sont tous ceux qui laissent faire, ce sont tous ceux qui laissent défaire. Le principal rôle de l'école, ce n'est pas d'apprendre aux enfants le français, l'histoire, les mathématiques ou la chimie, c'est d'apprendre aux enfants à vivre ensemble. À peine sevré, on quitte sa famille pour passer ses journées avec des dizaines d'étrangers. Pouvez-vous nous montrer comment nous apprivoiser? Apprenez-nous la responsabilité. Des actes que l'on fait. Et des actes que l'on ne fait pas. Il faut connaître les conséquences de nos coups, et les conséquences de notre indifférence. Il faut se servir du français, de l'histoire, des mathématiques et de la chimie pour nous apprendre la connaissance de soi et la connaissance des autres. Adulte, quand on est victime d'intimidation, on peut décider de quitter notre emploi, notre club de hockey ou notre mari. Enfant, quand on est victime d'intimidation, on ne peut pas décider de quitter l'école. L'école a le monopole de notre destin. Changer d'école ne change souvent pas grand-chose. Chaque école a son quota de gentils, de tièdes et de mauvais. On est pris dans le cul-de-sac du malheur. Et il n'y a qu'une façon de s'en échapper... Voilà pourquoi l'école doit être le milieu le plus sain du monde. Voilà pourquoi l'école ne doit pas être un endroit où on apprend tout par cœur, mais tout avec le cœur. Nos enfants y abandonnent leur jeunesse, en échange, donnons-leur le meilleur de nous-mêmes. Il faut créer la Société des intimidés disparus. À la mémoire des âmes fragiles qui n'ont pas su résister au climat hostile qui règne dans plusieurs des établissements scolaires. Il faut être attentif, prévenant et pacificateur. Il faut que cette société regroupe tous les profs, tous les élèves, tous les parents, tous les intervenants, tous ceux qui sont passés par là. Que ce soit la priorité numéro un. Que le plus important de tous les savoirs soit le savoir-vivre. Bien sûr, il y aura encore des taupins. Bien sûr, il y aura encore des victimes. Mais s'il y en a seulement un peu moins, tous ces efforts ne seront pas vains. Il aura fallu le suicide d'une enfant pour éveiller les consciences. Pourtant, ceux qui continuent de vivre malgré les blessures du rejet devraient aussi nous émouvoir. Donnons leur raison d'avoir cru en la vie, d'avoir cru en eux, d'avoir cru en nous. Arrêtons d'être complices par omission de tous les actes d'intimidation. Pas besoin d'avoir les jambes croches pour avoir du mal à se tenir debout. Que tout le monde se lève. Que tout le monde se tienne. Je dis respect à tous les intimidés. |
Version vidéo |
produite par Claude D'Astous |
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Version texte |
La clé du bonheur
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Quand un oiseau me rend visite… Quand le printemps me réchauffe… Quand un vieil homme me raconte ses souvenirs… Quand mon amour me dit qu’elle m’aime… Quand un bourgogne m’envahit… Quand un film me fait pleurer… Quand une chanson me rappelle… Quand les pommiers sont en fleurs… Quand la guêpe se pose sur moi et qu’elle ne me pique pas… Quand je m’endors en écoutant le vent… Quand le feu de foyer me parle… Quand l’érable me fait cadeau de son sirop… Quand les feuilles tombent… Quand le soleil se couche pour le plaisir de mes yeux… Quand le gazon verdit… Quand j’arrive chez maman et que ça sent la soupe… Quand un livre me fait réfléchir… Quand un ami m’appelle juste pour savoir comment ça va… Quand la montagne change de couleur… Quand il fait tempête et que je reste à la maison… Quand les nuages se sauvent pour laisser passer le soleil… Quand je déguste les premières fraises…
La vie est belle quand je prends le temps : La vie est belle dans les petites choses,
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Le bonheur
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La critique est inévitable dans toute relation interpersonnelle. Si elle peut être constructive, encore faut-il apprendre à la formuler et à l’accepter.
Bien exprimée, la critique permet à l'autre de connaître ses points faibles et les aspects qu'il devrait améliorer, que ce soit dans ses relations avec les autres, son travail ou même, dans le sport. Avoir le sens critique est en soi une grande qualité. Les spécialistes des relations interpersonnelles s'entendent pour dire que la critique est une bonne chose, à condition de la « manipuler avec soin ». Dans la mesure où elle est objective et bien dirigée, elle évite d'accumuler les frustrations et, du même coup, de se retrouver au cœur d'un conflit.
Avant de critiquer quelqu'un, il faut vous préparer et vous demander si vos observations sont légitimes. Dans un premier temps, réfléchissez aux raisons qui vous poussent à intervenir. Quelles sont vos attentes ? Votre objectif est-il clair ? La remarque est-elle constructive ? Risque-t-elle davantage de blesser l'autre que de l'inciter à s'améliorer ? Il vous faut ensuite choisir votre moment. Pas question de tout balancer en pleine réunion d'équipe ou entre deux rendez-vous.
Attention, enfin, de ne pas vous laisser emporter. Une critique lancée sous le coup de la colère peut dépasser votre pensée et provoquer le contraire de l'effet recherché. Soyez sûr de pouvoir assumer vos affirmations, de rendre votre interlocuteur réceptif et d'accepter à votre tour un point de vue divergent.
Sources : Service Vie
Claude Sévigny, andragogue, formateur en entreprise et auprès des adultes
Ghislaine Labelle, conférencière et psychologue organisationnelle
Chaque semaine, un tisserand se rendait à la ville voisine pour vendre le drap qu'il tissait les autres jours.
Un soir, alors qu'il revenait du marché, il tomba sur un voleur. Celui-ci lui asséna des coups au point de le laisser presque mort dans le fossé, puis il disparut dans la forêt, emportant les pièces d'argent que le tisserand avait gagnées en vendant son ouvrage.
La semaine suivante, le tisserand repartit au marché avec un nouveau lot de draps. L'hiver avait blanchi les champs, et tout recouvert de silence.
Sur le chemin du retour, il aperçut au loin son voleur, toujours installé au même endroit, qui attendait le passage de quelques victimes. L'artisan décida qu'une fois était bien suffisante. Prenant un sentier qui obliquait à travers bois, il évita le brigand. Le chemin était plus long et plus difficile, il dut traverser le lac qu'une épaisse couche de glace et de neige avait recouvert, le faisant pareil à un miroir, mais il arriva chez lui avant la nuit.
À partir de ce jour, le tisserand fit attention en arrivant au lieu du guet-apens. Quand il apercevait son agresseur, il prenait le chemin du lac et si la voie était libre, il continuait sa route.
Mais voici qu'un jour, le voleur fit une rencontre qui changea sa vie. Voyant approcher un voyageur, il se rua sur lui pour le détrousser, mais l'homme, un ermite qui vivait de peu et de charité, lui dit simplement : « Ne te fatigue pas à m'assommer, je n'ai que peu de choses sur moi, mais ce que j'ai de plus précieux, je veux te le donner. »
Et le saint homme parla de la vie et de la mort, de la fraternité des hommes, de la maîtrise des émotions, de la lumière que l'on ne voit pas avec les yeux, de l'amour, de mille choses dont le malfaiteur n'avait jamais entendu parler. Le moine parla longtemps, et quand il voulut reprendre sa route, l'autre, ému au plus profond de lui-même, demanda à le suivre pour en apprendre davantage, car son âme avait soif de ces paroles.
Pendant toute une année, il sillonna les chemins et les routes du pays, vivant chichement de la générosité des paysans qu'il rencontrait, se nourrissant de la sagesse du moine.
Au bout d'un an, il décida de continuer seul. Remerciant chaleureusement son maître, il repartit sur le lieu de ses forfaits, et se mit à prier pour toutes ses victimes.
Peu de temps plus tard, le tisserand rentra de son marché hebdomadaire. Quand il reconnut au loin le voleur, il se dépêcha de prendre le petit sentier. Arrivé au bord du lac, il s'engagea sur la glace, mais le temps s'étant adouci, et le printemps se rapprochant, la couche de glace était devenue fragile et céda sous les pas du tisserand qui s'enfonça dans l'eau glacée et mourut dans l'eau noire et profonde.
Souvent, nous jugeons les autres sur un acte, sur une fonction, sur un seul aspect d'eux-mêmes, mais nous refusons de voir ce qu'ils sont vraiment, au fond de leur cœur, cela nous arrange. Et nous gardons cette image figée en nous quoi qu'il arrive, et quoi que puissent faire ceux-là même que nous condamnons pour mieux nous justifier.
Il est bien plus confortable de s'en remettre à des certitudes bien établies, cela évite de se remettre en cause. Mais lorsque tout change autour de nous, nos certitudes sont plus fragiles que la glace du lac, elles se craquellent et se dérobent sous nos pas, et alors que nous comptions sur elles pour nous porter et nous protéger, elles nous précipitent dans notre propre obscurité.
Christian Charpentier – web écoute
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T’es un enfant quand t’as rien à dire au téléphone.
T’es un enfant quand tu ne sais pas ce que tu veux faire dans la vie.
T’es un enfant quand tu t’habilles comme ta mère veut.
T’es un enfant quand tu dors toute la nuit.
T’es un enfant quand tu ne sais même pas que tu vis.
T’es un enfant quand tu apprends continuellement.
T’es un enfant quand tu ne comprends rien de ce qu’on dit.
T’es un enfant quand tu manges tout ce qui te tombe sous la main.
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On m'avait pourtant prévenu qu'elle viendrait. Puis, un bon matin, il y a bien quelques années, j'ai senti son souffle. Elle était là, dans mon dos, m'enlaçait tout doucement de ses grands bras tout en m'enveloppant dans son manteau moelleux. Seul, devant mon miroir, j'ai levé les yeux et je l'ai enfin aperçue. Ses petits yeux bleus, myopes, probablement charmeurs autrefois, étaient partiellement cachés par d'étranges lunettes grises. Autour d'eux cherchait à se camoufler tant bien que mal l'arnaque de sa vie, ses rides. Une cicatrice à la lèvre supérieure lui rappelait sans nul doute l'exubérance de sa jeunesse. Ses cheveux, blanchis par un quelconque processus biologique, qu'elle seule devait connaître, dégarnissaient de plus en plus sa tête. Sur son front et dans son cou, les plis se multipliaient, signes évidents d'une grande sagesse. Enfin, la peau striée de ses mains meurtries, devenues tremblantes, ne parvenaient plus à dissimuler le labeur de sa vie. Malgré tout, elle me fascinait. Son sourire moqueur et la naïveté de son regard enfantin l'embellissaient. Le temps ne semblait plus pressé. Sa joie de vivre se lisait sur ses traits comme si elle goûtait à chaque instant qui passait. Elle paraissait tellement heureuse... J'ai penché doucement la tête, baissé les yeux. La vieillesse, timidement, s'excusa de son intrusion dans mon existence et, par peur de me perdre, me pressa tout contre elle. Claude Duplessis / Hull-Outaouais / Source: la revue de l'A.R.E.Q. |
Un matin, frère Valentin qui n'avait pas bien dormi, vint trouver l'abbé Guillaume, vieil homme empli de sagesse :
— Père, dites-moi une parole, comment trouver la tranquillité ? Partout le monde est agité par la haine et quand ce ne sont pas les guerres que les hommes fomentent, ils se vautrent dans les vices les plus noirs. Dites-moi, père, comment devenir meilleur et ne pas suivre ce mauvais exemple ?
Le vieillard lui dit: — Va au cimetière et injurie les morts.
Le frère Valentin, quelque peu étonné, se mit pourtant en marche vers le cimetière. Il fit grincer le petit portail et se posta au beau milieu des tombes. D'abord timidement puis plus franchement, il injuria les morts et finit même par leur jeter des pierres…
Il revint informer l'abbé Guillaume de son étrange exploit. Celui-ci lui demanda:
— Et alors ils ne t'ont rien dit ?
— Non.
Le vieillard lui dit: — Retourne les voir demain et adresse-leur des louanges.
Le frère, toujours aussi incrédule, se mit en route le lendemain dès matines, cueillit quelques fleurs sur le bord du chemin et entra dans le cimetière silencieux.
Il défila entre les tombes, déposant ça et là une fleur, louant les morts par ces mots: « Apôtres, saints, justes, vous êtes bénis de Dieu, illustres ancêtres, exemples parmi les exemples ! »
Puis il revint au monastère, devant la cellule de l'abbé, frappa timidement à la porte et entra :
— Ci-fait mon Père, je les ai loués.
Le vieillard lui demanda :
— Ils ne t'ont rien répondu ?
— Non.
L'abbé Guillaume sourit et lui dit alors :
— Cher Valentin, tu sais toutes les injures que tu leur a dites et ils ne t'ont rien répondu, toutes les louanges que tu leur a adressées et ils ne t'ont rien dit; de même, toi aussi, si tu veux être tranquille, tenir le péché éloigné et la colère enfouie, sois sur cette terre à l'image d'un cimetière silencieux aux tombes apaisées, ne tenant compte ni de l'injustice des hommes, ni de leurs louanges.
Source : Christian Godefroy, Club-positif.com, France
Le musicien de rue était debout dans l'entrée de la station « Enfant Plazza » du métro de Washington DC. Il a commencé à jouer du violon. C’était un matin froid, en janvier dernier. Il a joué durant quarante-cinq minutes. Pour commencer, la chaconne de la 2e partita de Bach, puis l’Ave Maria de Schubert, du Manuel Ponce, du Massenet, et à nouveau du Bach.
À cette heure de pointe, vers 8 h du matin, quelque mille personnes ont traversé ce couloir, pour la plupart en route vers leur travail. Après trois minutes, un homme d’âge mûr a remarqué qu’un musicien jouait. Il a ralenti son pas, s’est arrêté quelques secondes puis a démarré en accélérant. Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar : en continuant droit devant, une femme lui a jeté l’argent dans son petit pot. Peu après, un quidam s’est appuyé sur le mur d’en face pour l’écouter mais il a regardé sa montre et a recommencé à marcher. Il était clairement en retard. Celui qui a marqué le plus d’attention fut un petit garçon qui devait avoir trois ans. Sa mère l’a tiré, pressé mais l’enfant s’est arrêté pour regarder le violoniste. Finalement sa mère l’a secoué et agrippé brutalement afin que l’enfant reprenne le pas. Toutefois, en marchant, il a gardé sa tête tournée vers le musicien.
Cette scène s’est répétée plusieurs fois avec d’autres enfants. Et les parents, sans exception, les ont forcés à bouger. Durant les trois quarts d’heure de jeu du musicien, seules sept personnes se sont vraiment arrêtées pour l’écouter un temps. Une vingtaine environ lui a donné de l’argent tout en continuant leur marche. Il a récolté 32 dollars.
Personne ne l’a remarqué quand il a eu fini de jouer. Personne n’a applaudi. Sur plus de mille passants, seule une personne l’a reconnu. Ce violoniste était JOSHUA BELL, actuellement un des meilleurs musiciens de la planète. Il a joué dans ce hall les partitions les plus difficiles jamais écrites, avec un Stradivarius valant 3,5 millions de dollars. Deux jours avant de jouer dans le métro, sa prestation future au théâtre de Boston était « sold out » avec des prix avoisinant les 100 $ la place.
C’est une histoire vraie. L’expérience a été organisée par le « Washington Post » dans le cadre d’une enquête sur la perception, les goûts et les priorités d’action des gens. Les questions étaient : dans un environnement commun, à une heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour l’apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?
Une des possibles conclusions de cette expérience pourrait être : si nous n’avons pas le temps pour nous arrêter 5 minutes afin d’écouter un des meilleurs musiciens au monde, jouant pour nous gratuitement quelques-unes des plus belles partitions jamais composées, avec un violon Stradivarius valant 3,5 millions de dollars, à côté de combien d’autres choses magnifiques, voire sublimes, passons-nous ?
Il est clair que le jeu de plus en plus trépident de notre condition sociale tend à nous robotiser, réduisant notre champ de conscience et notre sensibilité à des domaines préprogrammés et médiatisés. Attention de ne pas nous laisser déshumaniser par l’obsession de nécessités domestiques, voire virtuelles, oubliant l’essentiel de ce qui est censé nourrir notre indispensable ascension intérieure et les véritables buts de la vie universelle.
– Source : Trouvé sur le blog Regards de femmes